Toi tu te tais
Narcisse
Samedi 26 mai 2018
Quel sentiment ressent-on lorsqu'on vient jouer dans son lieu d'origine?
Plus que mon lieu d’origine, Vicques est le village de mon enfance. Ça me fait toujours plaisir – et c’est une sensation étrange à la fois – de revoir des gens que je n’ai plus vus depuis des années, notamment des copains et copines d’école qui me demandent comment je suis dans ma vraie vie, comme si le fait d’être artiste faisait de moi quelqu’un de bizarre, qui ne tond pas le gazon, ne fait pas les courses ni la vaisselle. Mais j’ai une vie tout à fait normale, en fait. Et puis, je ne suis pas Johnny Hallyday non plus, il faut relativiser.
Quel est votre rapport à la technologie?
Pour moi, c’est un jeu. J’aime m’amuser à utiliser la vidéo, la lumière, les machines, pour leur côté un peu prestidigitateur, un peu cirque, j’aime que les gens se disent: « comment il fait ? » Et c’est important pour moi que la technologie soit toujours au service du texte, au service des mots. Par exemple, le texte « vise tire tue » qui est constitué uniquement de verbes d’une syllabe, ne serait pas compréhensible sans les images. Et le texte « Jean », où les personnages filmés reprennent l’histoire que je raconte quatre fois de suite en ajoutant des passages, ne pourrait pas être joué sur scène sans vidéo. Je voulais aussi éviter le « karaoké », où la musique sort d’on ne sait d’où. Dans mon spectacle, on voit tout ce qu’on entend: les choristes, les instruments électroniques que je pilote depuis les écrans, etc.
Pourquoi la poésie slam chantée et non pas en recueil écrit?
D’abord parce que j’aime la scène, le partage avec le public. Pendant longtemps j’ai fait de la musique tout seul dans un studio, et puis j’en ai eu marre de ne jamais vivre ces moments de partage. De ne jamais avoir de retour. Et puis, si ce n’était qu’écrit, ce ne serait pas du slam. Le slam n’est pas un style, encore moins une forme de rap. Le slam est un moment de poésie partagée sur scène avec des auditeurs. En parallèle à mes spectacles, je publie aussi mes textes – j’ai fait deux livres jusqu’à aujourd’hui – mais certains slameurs disent que dans ce cas, ce n’est plus du slam, et je suis aussi d’accord avec eux, même si je les trouve un peu dogmatiques. On peut faire les deux, mais le plus important pour moi, c’est la scène.
Quelle est la phrase poétique dont vous êtes l'auteur qui vous colle le mieux à la peau?
L’univers
est moins grand qu’un poème
même d’un seul vers